Le Professeur Inlassable n’a pas toujours été le Professeur Inlassable, il fût un temps le petit Jean Dindinaud, un enfant qui passait davantage son temps à réfléchir et à ronger ses ongles qu’à imiter Mick Jagger devant sa glace – elle ne l'aurait pas supporté…
Le Professeur Inlassable n’a pas fait ses études de médecine à la Faculté de Paris dans le but de devenir chirurgien. En juin 1940, il ne quitte pas la France et ne s’engage pas à Londres dans les Forces Françaises Libres. Plus tard, le Professeur Inlassable ne soutient pas de thèse de doctorat en médecine à Paris. Il n’obtient pas de licence de sciences à la Sorbonne et n’entre pas non plus à l’Institut Pasteur. Il ne sera donc pas successivement nommé chef de laboratoire, ni Professeur de Génétique cellulaire au Collège de France.
En revanche, le Professeur Inlassable naît à Bordeaux, le 04 Novembre 1960 et se lance assez vite dans la recherche fondamentale - il nomme “fondamentale“ tout ce qui touche de près ou de loin à la musique. Il installe son laboratoire rue Dauphine en pleine rive gauche Parisienne. Là, il s’entoure de nombreux artistes. Dans son officine, se succèdent musiciens, plasticiens, chanteurs et autres techniciens desquels il tire la sueur et la pourriture noble, indispensables à la bonne marche de son projet. Les mélodies qui en résultent sont à la fois entêtantes et répétitives, très inspiré des années 20, 30, 40, 50, 60, 70 et même 80 et 90. Il construit un univers de petits bouts. Un empilage iconoclaste qui aboutit à ce langage poétique qui lui est propre.
Quelque part entre philosophie Zen, freak show et marché aux puces, le Professeur Inlassable fabrique son univers, harmonise les contraires, cumule les sonorités, rythme les mots à sa façon. Un empilage iconoclaste qui flirt tantôt avec les modes répétitifs de Steve Reich, les bidouillages de Tricky, les envolées de Tipsy ou encore la vie par le petit bout de la lorgnette comme la conçoit Tom Waits.
Pour arriver à ses fins, le Professeur Inlassable découvre son stylo, son pinceau : deux platines avec lesquelles il peut piocher les sons, peindre les sens, pitcher les mots pour créer sa propre sémantique, son propre langage. Dans le cabinet du Professeur s’arrêtent d’autres expérimentateurs, d’autres francs tireurs musicaux comme Nicolas Repac, Kim Fahy, Dom Farkas, le cultissime John Greaves, un échappé de The Dead Sexy Inc. et d’autres dandy dantesques…
Le Professeur Inlassable n’a jamais envisagé de recevoir le prix Charles Léopold Mayer de l’Académie des Sciences, ni le prix Nobel de Physiologie. Il ne souhaite pas être membre de l’Académie royale des Lettres et Sciences du Danemark, et encore moins de la National Academy of Sciences des États-Unis, ou de la Royal Society de Londres. Mais si toutefois son disque touche un large public, croyez bien qu’il en sera le premier ravi.
En nombre séances, en découpages, en cut-up nouvelle vague, le Professeur Inlassable nous dévoile aujourd'hui une pléthore de saveurs, mises en perspective par un peintre des sons et de la matière pour qui les codes, les modes, les calculs n'ont pas d'importance. Quelque part entre un DJ Shadow né le même jour que Warhol et un Amon Tobin élevé à la poésie italienne, le Professeur Inlassable ouvre enfin de nouvelles portes à la musique française et à l'architecture mondiale.
Demain sera son jour de gloire, son jour le plus long, bref, un bon jour pour traîner chez le Professeur Inlassable. Promis, vous en reviendrez changés.